Lecture

Au cours de mes -nombreuses !- lectures, il y en a qui sortent du lot, un auteur que j'aime plus que d'autres et alors il me faut lire tous leurs ouvrages. C'est le cas d'Olivier NOREK que je viens de découvrir avec :

Au dos de cette édition Pocket : pas grand chose ! seulement cette phrase : "Adam a découvert en France un endroit où l'on peut tuer sans conséquences." Donc, rien qui m'attire particulièrement. Cependant les commentaires inscrits sont dithyrambiques, ce roman a reçu plusieurs prix, j'ai donc été curieuse... et bien m'en a pris : j'ai beaucoup aimé

Je vous mets le résumé trouvé sur Babelio, mais que vous pouvez sauter si vous ne voulez pas connaître l'histoire avant de la lire :

"Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir. Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds. Un assassin va profiter de cette situation. Dès le premier crime, Adam décide d'intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est flic, et que face à l'espoir qui s'amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou. Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu'elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d'ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger."

L'auteur fut engagé dans l'humanitaire durant la guerre en ex-Yougoslavie et est capitaine de police ; il sait donc de quoi il parle, mais il aurait pu ne pas savoir écrire or, ce n'est pas le cas ! On entre dès le début dans le vif du sujet. Le style et vif, alerte, pas de temps mort. C'est incisif avec des phrases courtes. Ce thriller ne laisse pas indifférent. On s'attache aux personnages, Adam, Bastien, Kilani.... Ils nous hantent bien après la fermeture du livre. Pendant sa lecture, nous sommes dedans, l'extérieur ne compte plus... Lorsqu'on s'arrête il faut reprendre place dans notre réalité....

Extraits :

- p.24 : "Refusant de n'être qu'un simple témoin de l'agonie de son pays, il fit allégeance à une cellule rebelle de l'Armée syrienne libre et devint un opposant du gouvernement de la manière la plus risquée. En l'infltrant, via la police militaire."

- p.56 : "Il ne pourrait pas sauver son pays. Seules sa femme et sa fille comptaient à présent. Il allait quitter la Syrie par tous les moyens possibles. Et que ceux qui diraient qu"il aurait pu se battre pour aider son peuple aillent se faire foutre. Ou viennent à a place, dans ce hangar surchauffé, rencenser des suicidés aux pieds brûlés et aux dents arrachées."

- p.81 : "- Personne ne choisit Calais, poursuivit-il. A tel point que nous avons été obligés de bloquer les demandes de mutation. Une fois dans ce commissariat, on ne peut plus le quitter."

- p.187 : "- Y a des indices dans la vie, lieutenant. Quand dans votre ville il y a une BAC en hélico, c'est qu'il y a un truc de pourri au royaume."

- p. 192 : "- Alors pourquoi vous continuez ? Un ordre immoral, ça se refuse, non ?"

               " Ce sont les jobs de nos familles qu'on protège. C'est notre ville qu'on essai de tenir à flot. On joue aux épouvantails, je vous ai jamais dit que c'était du bon boulot de police."

- p.212 : "Pas un baigneur, pas un promeneur, la proximité de la Jungle en faisait un endroit boudé par les touristes et les Calaisiens. Un paradis abandonné."

- p.214 : "La violence est partout puisque la pauvreté est immense. Tu ne peux pas mettre ensemble près de dix mille hommes, venant des pays les plus dangereux de la Terre, quasiment enfermés, tributaires de la générosité des Calaisiens et des humanitaires, sans autre espoir qu'une traversée illégale, et croire que tout va bien se passer. Des morts, il y en a toutes les semaines."

- p.252 : "- Je viens de te le dire : partout dans le monde, tu trouveras toujours un homme pour profiter de la détresse des autres."

- p.264 : "- La somme de tous les obstacles est intimidante, je suis d'accord. Mais si on les prend un par un, rien n'est insurmontable."

- p 292 : "- Votre protégé syrien ? Qu'on les appelle indics ou sources, la première règle est de ne jamais s'y attacher. Vous venez de la PJ, vous devriez le savoir. Un jour ou l'autre, ils peuvent devenir le fusible nécessaire, et si vous n'êtes pas prêt à le griller, c'est que vous y avez mis trop d'affect."

Aussitôt ce livre terminé, j'ai entamé "Code 93", du même auteur... Très prenant aussi !